mercredi 30 mai 2007

Niño, un artiste à contre courant.

C'est dans Ere Comprimée que j'ai découvert le travail d’Alex Nino. J’ai tout de suite été séduit par son style et ses compositions de pages audacieuses. Comme tous les grands dessinateurs de bd, Alex Nino est un grand encreur, ce qu’il fera d’ailleurs pour d’autres dessinateurs. Cet artiste quitta son pays comme bon nombre de ses collègues philippins (Alfredo Alcala, Nestor Redondo) dans les années 70 pour travailler aux Etats-Unis. S’il s’est essayé à plusieurs styles (horreur, aventure), c’est aux courtes histoires de science fiction qu’il doit sa renommée. Il livra ses plus belles pages aux différents magazines de la Warren comme Creepy, Eerie, Vampirella et surtout 1984 rebaptisé 1994 au onzième numéro. Notez qu’ Ere Comprimée est l’adaptation française de 1984 et que ce magazine connaîtra aussi une version espagnole qui dura plus longtemps que la version américaine.
Les détracteurs de Nino disent que ses histoires sont illisibles en raison de leur composition. C’est tout simplement faux. Il y a en effet une certaine démesure qu’on retrouve chez Philippe Druillet dans son utilisation fréquente de doubles pages mais Nino est aussi un bon narrateur et il s’applique à ce que le sens de lecture reste clair. Si certaines histoires sont réellement difficiles à lire, c’est la faute aux mauvais scripts qu’on lui a souvent fournis. En effet, Nino se voyait souvent réduit à illustrer tant bien que mal les tartines de texte de ses scénaristes.
Alors que conseiller dans les œuvres d’Alex Nino ? On ne trouve qu’un livre dans sa bibliographie française, Temps Pi. Ce livre est composé de courtes ou moyennes histoires prépubliées dans l’écho des savanes spécial USA. Seules les deux premières histoires, « Repens–toi Arlequin » et le « peuple des ténèbres » permettent de mesurer son talent. On peut aussi regretter l’absence de « Fin de Voyage » dans ce recueil. En anglais, il faut posséder le numéro 119 de Creepy qui lui est entièrement consacré. 1994 lui consacra aussi un numéro spécial mais le choix des histoires n’est pas très heureux. Il vous faudra donc trouver par vous-mêmes les numéros qui lui font honneur. S’il le faut je vous guiderai mais fils, ce serait vous gâcher le plaisir de la recherche.

samedi 5 mai 2007

L'homme qui valait 595 Francs


Pour la plupart des gens, Pierre Bellemare reste ce vendeur d’aspirateurs des matinées de TF1 allant balancer à l’occasion quelques vannes sur RTL avec ses potes de droite des « Grosses têtes ». Mais Pierre Bellemare n’est pas que cela. Il est aussi un conteur émérite (en américain : a fucking storyteller), spécialiste des faits divers pas du tout ordinaires. Toutefois, c’est l’auteur de bd qui a mes faveurs. Dans le journal Pilote, Bellemare donna vie en collaboration avec le dessinateur Moallic aux enquêtes de l’inspecteur Robillard. Ces histoires se déroulaient en quelques cases sous la forme d’enquêtes-devinettes. Robillard étant d’une incompétence crasse, le lecteur devait retrouver lui-même le vrai coupable à partir d’indices disséminés dans les différentes cases ou dans les déclarations du suspect. Cette bd ludique au graphisme plaisant ne dura malheureusement qu'à peine trois ans (1959-1962). Moallic créa par la suite pour Pif le personnage de Ludo qui était largement inspiré de l’inspecteur Robillard. Pierre Bellemare lui, fit la carrière qu’on lui connaît. Mais rappelons le, Bellemare est avant tout un fin observateur du monde qui l’entoure et en particulier du monde de la bd. C’est pourquoi j’ai le plaisir de vous annoncer que Pierre Bellemare viendra raconter prochainement et en exclusivité pour La Baraque à Fritz une histoire tragique et méconnue impliquant deux dessinateurs de bd réputés. A suivre…