mercredi 13 janvier 2010

La planète des singes

Evolution planète des singes
Quelques images restent éternellement imprimées sur la rétine. La scène de la Planète des singesCharlton Heston s'agenouille face à la statue de la liberté est l'une d'elles.
A vrai dire tout le film n'a rien perdu de son aura sur moi. Malgré quelques bons moments, les nombreuses suites sont elles dangeuresement nanardisantes et pourraient prêter à penser que les scénaristes ont cru qu'ils écrivaient leurs histoires non sur les singes mais pour de vulgaires singes de zoos.
Mais on regarde quand même car une sorte de lien ancestral et familier nous relie à ces êtres comme à de lointains cousins de province et la fascination pour cette inversion de l'évolution touche en nous quelque chose de profond qui constitue l'un des thèmes majeurs de la Planète des singes, notre prédominance.
Le livre de Pierre Boulle raconte que le singes ont pris le dessus sur les hommes en "singeant" leur comportement tandis que les hommes ne faisaient que stagner. Bon nombres d'analyses et certains épisodes de la saga cinématographique s'accordent sur le commentaire social de la Planète des singes qui représenterait la lutte entre les communautés ethniques dans un pays, en particulier aux Etats-Unis.
Quant à elle, la baraque à Fritz ne craint ni ne singe personne, elle trône seule au sommet de l'évolution bloguesque. Elle est là, avec la régularité d'une horloge pour vous délivrer quelques curiosités jamais vues ailleurs :
- La parodie de Mad des films de la Planète des singes

Mad - parodie de la Planète des Singes - couvertureMad - parodie de la Planète des Singes - pages1&2Mad - parodie de la Planète des Singes - page3Mad - parodie de la Planète des Singes - page4Mad - parodie de la Planète des Singes - page5Mad - parodie de la Planète des Singes - pages6Mad - parodie de la Planète des Singes - page7Mad - parodie de la Planète des Singes - page8

- La parodie de la série télé par Cracked magazine (magazine inspiré de mad)



- Les plus belles affiches internationales des films


- Les plus belles couvertures des comics (l'intérieur est à peu près sans intérêt) signées entre autres Ken Barr (Doc Savage).


mardi 21 avril 2009

La bataille des planètes

carte Mars Attacks

Rendu populaire par le film de Tim Burton, Mars Attacks ! fut d’abord une série de 55 cartes à collectionner vendue avec un chewing-gum dans les années 60 aux Etats-Unis. Cette série est le fruit d’un travail collectif au sein de la firme Topps (les crados, wacky packages), de dessinateurs (Wally Wood, Bob Powell, Norm Saunders) et scénaristes (Len Brown et Woody Gelman) réputés ou anonymes. L’apparence des martiens a pas mal évolué entre les premiers dessins inspirés par Wally Wood et étrangement conservés pour l’emballage des cartes, à la version finale qui est plus proche d'un mélange du Metaluna mutant du film de 1955 This Island earth et d’une tête de mort. L’histoire est quant à elle ouvertement inspirée de la Guerre des mondes de H G Wells.

Album Weird Science Même si ces cartes n’eurent pas un énorme succès à l’époque, l’aspect des martiens, la violence, et le léger érotisme de certaines images ont vite acquis un caractère sulfureux auprès d’enfants subjugués et de parents qui ne voyaient pas ça d’un bon oeil. Dans Alien Wolds 8 de 1984, Bruce Jones et Ken Steacy donnent un aperçu des réactions suscitées par ces cartes tout en composant une histoire respectant les codes des E.C comics.
Extrait Alien Wolds 8 page17 Extrait Alien Wolds 8 page18
Extrait Alien Wolds 8 page19 Extrait Alien Wolds 8 page20
Extrait Alien Wolds 8 page21
Cette histoire est aussi disponible en français dans l’album Alerte rouge. Il est amusant de noter que Ken Steacy réalisera quelques couvertures pour un des comics Mars attacks ! sortis quelques années plus tard et imprimées sous forme de cartes hommages en compagnie d’autres dessinateurs réputés (Bolton, Bisley etc). Ces cartes n’ont par contre pas de lien narratif entre elles. Les rééditions, hommages et parodies (Crados, Bathroom buddies, Cracked magazine, Uranus strikes) des cartes Mars attacks ! sont d’ailleurs assez nombreux et ce billet n’a pas vocation à tous les recenser.
Seulement, je me dois de vous parler (vous fidèles lecteurs de la baraque à fritz) de son adaptation la plus inattendue, celle de Hector Oesterheld et Alberto Breccia. Publiée plus ou moins légalement dans les années 60 en Argentine, Marte Ataca ! a bel et bien inspiré deux grands noms de la bd mondiale qui créèrent à partir de 1971, une série de 100 cartes nommée « Platos voladores al ataque !!». Ces cartes étaient vendues cette fois non pas avec un chewing-gum mais avec des vignettes de foot. Bien que publié après l’Eternaute (1969), le style graphique de Breccia pour ces cartes n’est pas dans sa veine expérimentale. Les raisons sont sans doute liées au caractère alimentaire et grand public du projet ainsi qu’au soucis d’uniformité visuelle avec son fils Enrique et sa fille qui l’ont parfois assisté voire remplacé selon les rumeurs. Bien que de très bonne facture, les dessins souffrent un peu de la comparaison avec les cartes mars attacks, plus gores et bénéficiant de la finition au pinceau de Norm Saunders, grand illustrateur de pulps.
L’histoire raconte l’invasion de la Terre par les Plutoniens puis par les Saturniens, avec lesquels les Terriens avaient pourtant conclu un pacte pour chasser les premiers. Même si Oesterheld crée des scènes spectaculaires propres à plaire aux enfants, il développe un scénario plus complexe que l’original et fait même un peu de surenchère à partir de scènes de "Mars attacks !" , ce qu’annonçait déjà l’ajout d’un second point d’exclamation dans le titre "Platos voladores al ataque !!"
Carte Platos voladores 1
Platos voladores 2
Platos voladores 3
Compte tenu du caractère symbolique (comme la guerre froide) de bons nombre d’histoires de science fiction et de la forte conscience politique d’Oesterheld, qui le conduira à être « supprimé » par la junte militaire argentine en 1977, les lecteurs les plus audacieux pourront tenter une lecture politique de cette histoire ou au moins constater la reprise d'une idée de l'éternaute pour la carte "rostros de muerte".

Ces cartes devenues très rares aujourd’hui ont été rééditées en 2002 en Argentine accompagnées d’un livret en noir et blanc permettant une lecture en continue plus proche d’une bande dessinée. Hasard ou idée géniale, mon exemplaire contenait deux cartes en doubles et en les faisant défiler d’une main à l’autre, j’ai eu la brève sensation d’être un de ces enfants qui collectionnaient et échangeaient leurs cartes en double « Platos Voladores Al Ataque !! ». Un vrai voyage dans le temps et l’espace !
Livret Platos Voladores

samedi 30 août 2008

Matinee

Bon nombre de cinéastes réputés ont redonné un semblant de respectabilité au cinéma de série B et plus généralement à la "sous-culture" en y faisant ouvertement référence. Chez nous, Franju et sa passion pour les romans feuilletons comme Fantômas fait un peu figure d’exception alors qu’on peut dénombrer dans le cinéma américain, moins élitiste, bien plus d’exemples. Citons Spielberg avec "Indiana Jones" ou encore Tim Burton avec "Mars Attack !" et surtout "Ed Wood" qui est une déclaration d’amour au cinéma de série B.
Matinee de Joe Dante, sorti en 1993 et un an avant Ed Wood y fait inévitablement penser. Le sujet est là aussi le cinéma de série B, et plus précisément, le cinéma d’horreur des années 60. On y croise donc un réalisateur, fictif cette fois, qui se démène pour exister en dehors des productions traditionnelles. Le réalisateur est inspiré de William Castle, réalisateur, acteur et producteur de films notamment d'horreur. Il est interprété par un excellent John Goodman qui n’est pas la vedette du film pour autant. La vedette c’est le cinéma: le film, la salle de cinéma, ses spectateurs etc. Un spectacle total, comme le concevait William Castle. Joe Dante, même s’il inscrit son film dans le contexte de la guerre froide, signe un film ouvertement nostalgique et s’amuse même à réaliser "Mant", un faux film d’horreur dont le thème et les dialogues délivrent une vision décalée du conflit et apporte par là-même une nouvelle grille de lecture pour tout ce cinéma. Joe Dante se plaît également à jouer avec le spectateur, voire à le faire réfléchir en entretenant une confusion sur sa place par une grande mise en abyme lors de la projection du faux film d’horreur.
Matinee est un film injustement oublié, sincère et qui comprend bon nombre de bonnes idées mais auquel un casting un peu meilleur aurait sans doute permis une meilleure carrière. Le film n'est par ailleurs pas aidé par ses éditions DVD de qualité médiocre.
lien vers la bande annonce:

jeudi 7 août 2008

Disponible


En cette période où les Jean-Claude Dusse envahissent les plages et les campings dans l’espoir de "conclure", il me semble opportun de parler de misère sexuelle dans la bd. L’un de ses plus illustres représentants est Joe Matt, auteur canadien de bandes-dessinées autobiographiques. Le voir lutter dans Strip tease et Peep show pour vivre une sexualité satisfaisante tout en s’enferrant dans ses erreurs était tout bonnement hilarant. Dans son dernier livre, Epuisé, le jeune queutard frustré laisse place à un quadragénaire fatigué dont le renoncement total, plus encore que la sinistre existence embarrasse le lecteur et suscite l'inquiétude sur son avenir d'homme et d'auteur.
Heureusement, la misère sexuelle s’est trouvée un nouveau héros en la personne du Sieur Sourdrille. Sa vie sexuelle est chaotique et le pauvre se voit même accablé d’une mère envahissante. S’il se met en scène comme Joe Matt dans ses histoires, il s’en distingue avec originalité en faisant régulièrement glisser ses histoires de la réalité vers le rêve, un peu à la manière d’un Winsor McCay auquel il rend ouvertement hommage en titrant certaines de ses histoires "la fondue galloise". Souffrance et frustration sont le pain quotidien de Sourdrille. D'autant plus qu’il croit en vain que c’est en endurant plus de caprices des femmes que ses concurrents qu’il arrivera à ses fins. Comme pour Joe Matt, on peut craindre que le renoncement prenne le pas sur l’énergie déployée à coucher avec des femmes et que la qualité des histoires en pâtisse. Mais le recours de Sourdrille au rêve et à l’imagination semble le prémunir contre ce problème. Et qui sait, c'est peut être dans le décalage entre la passivité et l'imagination débordante que Sourdrille pourrait trouver l'inspiration pour ses meilleures histoires. Son trait est lui déjà arrivé à maturité entre les premières histoires de Monsieur au style encore hésitant et son second album, Mesdames, parfaitement homogène. On espère donc retrouver bientôt Sourdrille dont le dernier album date tout de même de 2004 et qui a depuis gratifié les lecteurs du Psikopat de planches prometteuses.

dimanche 30 mars 2008

En rouge et noir

La bichromie a souvent servi de compromis entre l'économique Noir&Blanc et la plus coûteuse quadrichromie. Contraints de travailler en Noir&Blanc, certains grands dessinateurs comme Jose Munoz en ont exploités toutes les ressources et réussis à imposer des styles auxquels l'apport de couleur s'avère inutile voire déplacé. Cette créativité née des contraintes de publication est moins frappante pour la bichromie, sûrement parce qu'elle est moins courante. Toutefois on trouve dans cette courte bd de Carlos Trillo et Alberto Breccia une utilisation intéressante de la bichromie comme élément artistique et narratif. Parue dans le numéro 8 de la revue argentine Fierro (avril 85), elle est l'adaptation de la Gallina Degollada, une nouvelle de l'écrivain uruguayen Horacio Quiroga. Pour l'anecdote, on peut grâce à internet, s'amuser à visiter la maison de Quiroga et constater l'affichage des pages de Breccia bien qu'elles soient postérieures à la mort de Quiroga.