jeudi 29 novembre 2007

Anarcoma, une fille qui a des couilles

J’aime bien les faits divers. Certains ont inspiré de grands auteurs qui ont su tirer du cas particulier une vérité générale sur l’homme et la société. D’autres sont tellement délirants qu’ils se suffisent à eux mêmes. Cette semaine, on apprend qu’un certain Nicolas Panard, ancien travesti et transformiste aurait assassiné 18 personnes au cours des années 80 et 90. Ce personnage haut en couleur m’a rappelé que je devais évoquer sur ce blog un classique de l’underground espagnol des années 80: Anarcoma de Nazario.
Contrairement à ce que dit l'intitulé de ce billet, Anarcoma se définit comme un pédé avec des seins et non comme une femme avec une bitte. Il ou elle ne manifeste pas une fois par an pour ses droits avec le ministre de la culture. Sa vie est un manifeste. A son programme, le droit de se prendre des grosses bittes bien dures et cela par tous les moyens. Anarcoma terrasse tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Des deux albums de la série (Anarcoma et Cultes), pas grand-chose à dire sur les intrigues un peu approximatives pleines de savants fous ou de sectes aux motivations totalement délirantes. Ce ne sont que des prétextes à un déferlement inouï de violence et de sexe. Ce qui fait l’intérêt de ces deux albums c’est surtout une énergie et une jubilation dans le mauvais goût qui ne sont pas sans rappeler les premiers films trashs de John Waters.
Cette bd politiquement incorrecte n’est donc pas à mettre entre toutes les mains. Elle est conseillée aux psychopathes, aux professeurs de lycées catholiques et aux amateurs de bd déviantes en général.

Prix conseillé pour chaque tome : entre 5 et 12 euros.
un extrait en espagnol:

samedi 10 novembre 2007

Deconstructing Torres

La série Roco Vargas de Daniel Torres contient pas mal de clins d’œil à la culture américaine. Son héros lui-même est une sorte de héros à l’américaine mais latinisé. J’émets l’hypothèse que le nom et le physique de Vargas viennent du personnage de Mexicain joué par le très Américain Charlton Heston dans la Soif du Mal d’Orson Welles. On trouve d’autres références au cinéma américain des années 40-50 dans Roco Vargas. Par exemple, comme Humphrey Bogart dans Casablanca, Roco Vargas est le propriétaire flegmatique d’une boite de nuit. On croise aussi le temps d’un épisode un personnage aux traits de Robert Mitchum, acteur emblématique de cette période. Torres n’oublie pas non plus de saluer certains maîtres de la bd américaine comme Milton Caniff et Alex Raymond. Dans l’étoile lointaine, on voit un jeune Vargas tenant un comics de Flash Gordon. Saxxon, personnage central de la saga rappelle quant à lui Hogan dans Steve Canyon de Milton Caniff. Les femmes de Caniff ont aussi grandement influencé Torres. Torres s’explique un peu sur la place du héros américain dans son œuvre (A Suivre 98) :
« Lorsque j’ai abordé la bd, je me suis efforcé de réfléchir aux problèmes que sa pratique soulevait, aussi bien du point de vue du dessin que de celui du scénario. L’un des axes de ma réflexion a notamment porté sur le rôle du héros. J’ai principalement étudié les grands héros mythiques de la bande dessinée américaine et, côté scénario, je me suis intéressé au travail des auteurs européens de l’école belge. Ensuite, et après avoir combiné ces deux éléments, les influences graphiques que j’avais subies, j’ai décidé de créer un nouveau type de personnage, une sorte de héros moderne. »
Les influences de Torres ne sont donc pas uniquement américaines. Il prend ici et là ce qui l’intéresse et le fusionne pour créer son propre style. Ces références graphiques reconnues sont elles assez déconcertantes. Il cite dans A suivre 98 des dessinateurs et un illustrateur espagnols peu connus en dehors de leur frontières que je vous laisse le soin de découvrir par vous même: Benejam, Coll et Opisso.

N.B: L'image de cet article est tirée de the Art of Daniel Torres