samedi 30 août 2008

Matinee

Bon nombre de cinéastes réputés ont redonné un semblant de respectabilité au cinéma de série B et plus généralement à la "sous-culture" en y faisant ouvertement référence. Chez nous, Franju et sa passion pour les romans feuilletons comme Fantômas fait un peu figure d’exception alors qu’on peut dénombrer dans le cinéma américain, moins élitiste, bien plus d’exemples. Citons Spielberg avec "Indiana Jones" ou encore Tim Burton avec "Mars Attack !" et surtout "Ed Wood" qui est une déclaration d’amour au cinéma de série B.
Matinee de Joe Dante, sorti en 1993 et un an avant Ed Wood y fait inévitablement penser. Le sujet est là aussi le cinéma de série B, et plus précisément, le cinéma d’horreur des années 60. On y croise donc un réalisateur, fictif cette fois, qui se démène pour exister en dehors des productions traditionnelles. Le réalisateur est inspiré de William Castle, réalisateur, acteur et producteur de films notamment d'horreur. Il est interprété par un excellent John Goodman qui n’est pas la vedette du film pour autant. La vedette c’est le cinéma: le film, la salle de cinéma, ses spectateurs etc. Un spectacle total, comme le concevait William Castle. Joe Dante, même s’il inscrit son film dans le contexte de la guerre froide, signe un film ouvertement nostalgique et s’amuse même à réaliser "Mant", un faux film d’horreur dont le thème et les dialogues délivrent une vision décalée du conflit et apporte par là-même une nouvelle grille de lecture pour tout ce cinéma. Joe Dante se plaît également à jouer avec le spectateur, voire à le faire réfléchir en entretenant une confusion sur sa place par une grande mise en abyme lors de la projection du faux film d’horreur.
Matinee est un film injustement oublié, sincère et qui comprend bon nombre de bonnes idées mais auquel un casting un peu meilleur aurait sans doute permis une meilleure carrière. Le film n'est par ailleurs pas aidé par ses éditions DVD de qualité médiocre.
lien vers la bande annonce:

jeudi 7 août 2008

Disponible


En cette période où les Jean-Claude Dusse envahissent les plages et les campings dans l’espoir de "conclure", il me semble opportun de parler de misère sexuelle dans la bd. L’un de ses plus illustres représentants est Joe Matt, auteur canadien de bandes-dessinées autobiographiques. Le voir lutter dans Strip tease et Peep show pour vivre une sexualité satisfaisante tout en s’enferrant dans ses erreurs était tout bonnement hilarant. Dans son dernier livre, Epuisé, le jeune queutard frustré laisse place à un quadragénaire fatigué dont le renoncement total, plus encore que la sinistre existence embarrasse le lecteur et suscite l'inquiétude sur son avenir d'homme et d'auteur.
Heureusement, la misère sexuelle s’est trouvée un nouveau héros en la personne du Sieur Sourdrille. Sa vie sexuelle est chaotique et le pauvre se voit même accablé d’une mère envahissante. S’il se met en scène comme Joe Matt dans ses histoires, il s’en distingue avec originalité en faisant régulièrement glisser ses histoires de la réalité vers le rêve, un peu à la manière d’un Winsor McCay auquel il rend ouvertement hommage en titrant certaines de ses histoires "la fondue galloise". Souffrance et frustration sont le pain quotidien de Sourdrille. D'autant plus qu’il croit en vain que c’est en endurant plus de caprices des femmes que ses concurrents qu’il arrivera à ses fins. Comme pour Joe Matt, on peut craindre que le renoncement prenne le pas sur l’énergie déployée à coucher avec des femmes et que la qualité des histoires en pâtisse. Mais le recours de Sourdrille au rêve et à l’imagination semble le prémunir contre ce problème. Et qui sait, c'est peut être dans le décalage entre la passivité et l'imagination débordante que Sourdrille pourrait trouver l'inspiration pour ses meilleures histoires. Son trait est lui déjà arrivé à maturité entre les premières histoires de Monsieur au style encore hésitant et son second album, Mesdames, parfaitement homogène. On espère donc retrouver bientôt Sourdrille dont le dernier album date tout de même de 2004 et qui a depuis gratifié les lecteurs du Psikopat de planches prometteuses.