Bon nombre de cinéastes réputés ont redonné un semblant de respectabilité au cinéma de série B et plus généralement à la "sous-culture" en y faisant ouvertement référence. Chez nous, Franju et sa passion pour les romans feuilletons comme Fantômas fait un peu figure d’exception alors qu’on peut dénombrer dans le cinéma américain, moins élitiste, bien plus d’exemples. Citons Spielberg avec "Indiana Jones" ou encore Tim Burton avec "Mars Attack !" et surtout "Ed Wood" qui est une déclaration d’amour au cinéma de série B.Matinee de Joe Dante, sorti en 1993 et un an avant Ed Wood y fait inévitablement penser. Le sujet est là aussi le cinéma de série B, et plus précisément, le cinéma d’horreur des années 60. On y croise donc un réalisateur, fictif cette fois, qui se démène pour exister en dehors des productions traditionnelles. Le réalisateur est inspiré de William Castle, réalisateur, acteur et producteur de films notamment d'horreur. Il est interprété par un excellent John Goodman qui n’est pas la vedette du film pour autant. La vedette c’est le cinéma: le film, la salle de cinéma, ses spectateurs etc. Un spectacle total, comme le concevait William Castle. Joe Dante, même s’il inscrit son film dans le contexte de la guerre froide, signe un film ouvertement nostalgique et s’amuse même à réaliser "Mant", un faux film d’horreur dont le thème et les dialogues délivrent une vision décalée du conflit et apporte par là-même une nouvelle grille de lecture pour tout ce cinéma. Joe Dante se plaît également à jouer avec le spectateur, voire à le faire réfléchir en entretenant une confusion sur sa place par une grande mise en abyme lors de la projection du faux film d’horreur.
Matinee est un film injustement oublié, sincère et qui comprend bon nombre de bonnes idées mais auquel un casting un peu meilleur aurait sans doute permis une meilleure carrière. Le film n'est par ailleurs pas aidé par ses éditions DVD de qualité médiocre.
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